L’engouement pour le BDSM a assurément pris de l’ampleur suite à la sortie du livre « 50 nuances de Grey », et l’adaptation cinématographique de cet ouvrage très vaguement sado-masochiste n’a fait qu’accentuer le phénomène. Comme le sujet m’inspire, je me suis dit qu’il pouvait être intéressant de d’examiner le mode de fonctionnement et la nature de la relation décrite dans ce livre et pour l’occasion de tordre le cou à un certain nombre de mythes qui sont apparu « par sa faute » dans les médias généralistes en ce qui concerne les relations BDSM.
La définition de l’acronyme BDSM explique qu’il s’agit d’une relation dans laquelle l’un(e) des partenaire(s) prend le rôle de la personne dominatrice alors que l’autre prend la posture de la personne soumise. Le principe est finalement assez simple : dans le cadre de cette relation vont s’appliquer des restrictions, elles peuvent être physique (comme le bondage/shiri ou psychologique : la personne dominatrice (femme ou homme !) peut établir des règles que la personne soumise (femme ou homme, là encore) devra suivre. Si le soumise ou le soumis n’applique par les règles à la lettre, elle sera punie. C’est la dimension « disciplinaire ». C’est d’ailleurs une des significations de « D » dans BDSM , « D » peut y vouloir dire « Discipline » ou « Domination » suivant la nature de la relation entre les deux partenaires. Contrairement à ce que pourrait laissait croire le livre, les pratiquants de relations BDSM sont d’origines très variées tant de part leur âge (il y a des jeunes comme des vieux) que par leur couleur (blanche, noire, asiatique …), leur orientations sexuelle (on trouve des gays, des lesbiennes, des transgenres, et bien sûr des hétérosexuel). Mais à ce titre le livre « 50 nuances de Grey » est assez réducteurs, car les pratiquants des relations BDSM sont issus de tout milieu social. Certes, il y a des riches, mais il y aussi des personnes modestes, des ouvriers, des chômeurs.
La femme dominatrice ou l’homme dominateur est dans une posture de pouvoir et d’autorité, tandis que la femme soumise ou l’homme soumis est dans une posture d’impuissance et de vulnérabilité. C’est le but recherché par chacun d’eux. Leur relation, qui constitue parfois une inversion des rôles par rapport à leur posture sociale est ici pleinement consensuelle et elle est soumise a des mots convenus (en anglais, on parle de Safeword). Ces mots convenus à l’avance, permettent à la personne dominée de faire savoir à la personne dominante qu’elle souhaite arrêter, ou qu’elle a trop mal. En effet, le « Non » pouvant faire partie du jeu, il est très important pour des raisons de sécurité de lui substituer un autre mot « de remplacement ». C’est vraiment très important de rappeler cette base de la relation BDSM, car le traitement médiatique du BDSM a parfois laissé croire qu’il pouvait s’agir d’une relation non pleinement consentie, non pleinement consensuelle, et que la personne soumise pouvait être abusée ou placer dans des situations dangereuses. C’est donc en fait tout le contraire de la réalité d’une relation de Domination/soumission (le « DS » dans BDSM). La soumise ou le soumis sont en plein pouvoir et en pleine capacité de mettre fin à la séance, en utilisant le fameux code (le safeword).
La plupart des gens vont commencer d’abord par des expériences de Bondage (attacher, ou se faire attacher) et de Discipline (des règles auxquelles on doit obéir au risque d’être puni si on d’y dérobe, mais sans réel violence au début). Beaucoup n’iront jamais plus loin que ces jeux. L’étape suivante fait en effet peur à beaucoup. Il s’agit des pratiques sadomasochistes. Elles font peur car elles sont liées à la douleur (qui peut pourtant être un plaisir le masochiste). La dominatrice ou le dominateur en herbe peut avoir peur de faire mal. Ils ne sont pas fait pour les pratiques sadiques, ou du moins les refoulent. Il y a parfois une crainte de se perdre. Pourtant, il est maintenant avéré que les couples qui ont pratiqué des relations BDSM et qui se sont retrouvé chez un thérapeute étaient des gens qui avaient déjà bien des problèmes avant de tenter ces jeux de bondage, discipline, sadomasochisme … Les problèmes peuvent également venir du fait que l’un ou l’autre des partenaires de jeu ne respecte pas le contrat détaillé qui est pourtant souvent la première chose qui est discuté, réfléchi, et admis en début de relation. Le récit de Cinquante Nuance de Grey est en cela réaliste : Anastasia, l’héroïne va lister les activités érotiques qu’elles refusent catégoriquement de faire et celles qui la rebutent mais qu’elle pourrait tenter en cas de grande excitation. Et le respect de ces limites fait partie d’un contrat de soumission qui sera signé par l’une et l’autre des parties !
Ceux qui pratique le BDSM le décrivent parfois comme un moyen de se dépasser, de dépasser leurs propres limites, y compris quant à leur orientation sexuelle : pour des raisons religieuses ou d’éduction, c’est parfois dans le cadre de relation de domination et soumission que la première relation homosexuelle (lesbienne ou gay) va être tentée … et appréciée !
Nombreux sont ceux qui vont pouvoir atteindre un état de transe dans le cadre d’une relation de domination/soumission, via des pratiques sadomasochistes ou non alors qu’ils n’ont jamais rien vécu de si intense dans une relation sexuelle normale (on dit aussi « Vanille »). Le plaisir BDSM peut être aussi pour certains de prendre le contre-pieds d’une relation traditionnelle (où le contact physique est essentiel). C’est la privation de toucher son partenaire pour la personne soumise et par le pouvoir de la personne dominante à lui interdire qui va constituer le plus excitant de la relation. Il arrive que la personne soumise n’est droit que de toucher les chaussures (et même pas les pieds nus) de son partenaire et y prenne un plaisir intense (on est là dans le domaine du fétichisme). On peut voir de nombreux exemples de pratiques BDSM dans des vidéos gratuites.
Les journalistes ont pour certains vu dans l’accueil du livre « Cinquante Nuances de Grey » la preuve d’un changement profond de la relation des femmes dans la société, et que l’émancipation professionnelle ferait que certaines femmes s’autorisent à vivre pleinement leur pulsion sexuelle d’abandon d’elles-mêmes. Ce serait faire erreur que de ne voir le livre que par le prisme de sociopolitique, la relation SM est bel et bien du ressort de l’émotion et de la sensualité. Elle répond à des stimulis d’ordre érotique et sexuel. Il faut considérer également la notion de jeu que les adultes peuvent se mettre à chercher de nouveau. Beaucoup ne vivent pas cette envie de jeu qui reste dans le domaine du fantasme, et ce n’est donc pas parce que le livre a eu du succès que toutes celles qui l’ont lu ont envie de vivre une relation BDSM et s’adonner à la soumission. Certains vont pouvoir passer le cap du fantasme, d’autres ne pourront pas. Si le livre vous titille et vous a donner envie d’essayer le BDSM, vous pouvez aller un cran plus loin grâce à internet : il suffit de vous inscrire sur un des sites spécialisés (comme celui-ci) où les femmes et hommes soumis ont l’habitude de confronter leurs fantasmes (en passant après ou non à la rencontre, ce n’est pas le plus important). Si vous êtes en couple, par contre, commencer peut-être d’abord à en parler à votre partenaire. Si la première approche se passe bien et que l’envie de BDSM est partagée, il sera toujours bien temps d’aller à deux sur les sites internet SM.